Un an avec ChatGPT : chronologie d’une innovation majeure des prochaines décennies

Le 30 novembre 2022, OpenAI a dévoilé ChatGPT, marquant une révolution dans le paysage de l’intelligence artificielle conversationnelle. Cette innovation, construite sur une architecture de traitement du langage naturel sophistiquée, a immédiatement capturé l’attention mondiale, promettant de remodeler la manière dont nous interagissons avec les machines.

ChatGPT s’est démarqué non seulement par sa capacité à comprendre et générer un langage naturel avec une précision remarquable, mais aussi par sa polyvalence et son adaptabilité. Dès son lancement, il a été clair que ChatGPT n’était pas simplement un outil de plus dans l’arsenal de l’IA, mais une véritable percée, établissant un nouveau standard pour les interactions homme-machine.

L’intérêt pour ChatGPT a été instantané et diversifié, allant des passionnés de technologie aux entreprises cherchant à intégrer l’IA dans leurs opérations, en passant par les éducateurs envisageant son potentiel dans l’enseignement. Ce nouvel outil promettait de transformer des industries entières, d’améliorer l’efficacité opérationnelle et de créer de nouvelles méthodes d’interaction numérique.

Dans cet article, nous allons explorer le chemin parcouru par ChatGPT depuis ce jour marquant. Nous examinerons les mises à jour clés, les améliorations apportées, les défis rencontrés et les réussites célébrées. Nous analyserons également son impact sur divers secteurs, de l’éducation à la clientèle, en mettant l’accent sur les innovations continues d’OpenAI et les implications futures de cette technologie réellement de rupture.

Des débuts en trombe pour ChatGPT

Le lancement de ChatGPT le 30 novembre 2022 a marqué un tournant dans l’histoire de l’intelligence artificielle. Dès les premiers jours de décembre, l’impact de cette innovation a commencé à se faire ressentir à travers le monde. Les premières heures suivant son lancement, ChatGPT a généré un buzz considérable. Les utilisateurs, intrigués par ses capacités conversationnelles avancées, ont rapidement adopté l’outil, le testant dans divers contextes, des questions triviales aux problématiques plus complexes. De leur côté, les médias ont couvert en masse le lancement de ChatGPT, mettant en lumière ses capacités révolutionnaires en matière de compréhension et de génération du langage naturel. En 5 jours, plus d’un million de personnes se sont connectées au service. Le New York Times écrivait à l’époque : « ChatGPT est différent. Plus intelligent. Plus étrange. Plus souple. Il peut écrire des blagues (dont certaines sont vraiment drôles), des codes informatiques et des dissertations de niveau universitaire. Il peut également deviner des diagnostics médicaux, créer des jeux Harry Potter en mode texte et expliquer des concepts scientifiques à plusieurs niveaux de difficulté. » (voir article du 05/12/2022 : https://www.nytimes.com/2022/12/05/technology/chatgpt-ai-twitter.html). A cette époque, il s’agissait de GPT3.5, une version upgradée de GPT3 (déjà connu depuis 2020), lancé 2 jours plus tôt sans bruit, mais rendu accessible à tous, par une interface web de type conversationnelle (et ce fut là le coup magistral d’OpenAI).

Pour la première fois également, un chatbot IA résistait à l’ouverture au grand public sans mal tourner (contrairement à Tay de Microsoft qui avait été débranché 24h après). Ce fut très impressionnant à l’époque et l’explication tenait dans le RLHF (Reinforcement Learning from Human Feedback qui avait posé des sécurités et des « verrous » dans les réponses fournies par le LLM. Les premiers utilisateurs ont été impressionnés par la fluidité et la pertinence des réponses de ChatGPT, mettant en évidence sa capacité à gérer des conversations nuancées et contextuelles. McKinsey a indiqué dans son article de fin décembre que cette IA allait changer beaucoup de secteurs d’activité comme (voir : https://www.mckinsey.com/capabilities/quantumblack/our-insights/generative-ai-is-here-how-tools-like-chatgpt-could-change-your-business) :

  • Marketing et ventes : création de contenus personnalisés pour le marketing, les médias sociaux et les ventes techniques (y compris textes, images et vidéos) ; création d’assistants adaptés à des activités spécifiques, telles que la vente au détail.
  • Opérations : création de listes de tâches pour l’exécution efficace d’une activité donnée.
  • Informatique/ingénierie : écrire, documenter et réviser le code.
  • Risques et affaires juridiques : répondre à des questions complexes, puiser dans de vastes quantités de documents juridiques, rédiger et réviser des rapports annuels.
  • R&D – accélérer la découverte de médicaments grâce à une meilleure compréhension des maladies et à la découverte de structures chimiques

De mon côté, dès le 17 janvier 2023 j’écrivais sur LinkedIn mon premier article sur le thème (voir ici : https://www.linkedin.com/pulse/lenseignement-sup%25C3%25A9rieur-et-les-ia-g%25C3%25A9n%25C3%25A9ratives-analyse-alain-goudey/?trackingId=1th18XxARjuidmGD%2BBKjEw%3D%3D) « L’enseignement supérieur et les IA génératives : analyse critique de la situation autour de ChatGPT ». J’y indiquais que « l’année 2023 sera celle des IA génératives », que « L’art du prompt est essentiel dans toute IA générative : si la consigne est trop peu précise ou mal formulée, la réponse sera mécaniquement « stupide ». », que « Si ChatGPT réussit l’examen, il faut changer l’examen ! » et enfin que « Il ne faut pas bannir les IA génératives de l’enseignement supérieur… ».

Ces questions ont agité (et agitent encore) le monde de l’enseignement supérieur mais aussi le scolaire avec en ligne de mire la peur d’une triche généralisée, un appauvrissement de la réflexion et des Professeurs dépassés par le mouvement d’adoption du côté des élèves et des étudiants.

Dans le même temps, Microsoft qui avait misé 1 milliard dans OpenAI en 2019 a complété fin janvier sa mise avec 10 milliards supplémentaires.

Un an d’évolution et de mises à jour de l’outil : un rythme effréné !

On a oublié, tellement le rythme fut rapide, mais à peine 4 mois plus tard, OpenAI lance le 14 mars 2023 son modèle GPT4, qui avait « 40% de chance de moins de contenir des erreurs factuelles que GPT3.5 ». C’est à ce moment-là que le monde de l’enseignement a pris conscience avec le LSAT (examen d’entrée au barreau aux Etats-Unis) que « à cet examen simulé du barreau, GPT-4 parvient à se classer parmi les meilleurs 10 % d’étudiants. GPT-3.5, quant à lui, faisait partie des 10 % les moins bons ». En mars 2023 ce fut l’occasion aussi d’accéder aux plugins qui « personnalisaient » déjà l’expérience autour de tâches spécifiques. De cette date, avec une cinquantaine de plugins on est passé à plus de 800 plugins à fin octobre 2023.

Puis il y a eu l’annonce de GPT4Vision et enfin, en novembre, ce fut l’annonce de GPT4 Turbo et des GPTs, mais aussi de Dalle-3 intégré et du switch automatique entre les outils, incluant Code Interpreter.

Ce qui surprend dans ce rythme c’est surtout la capacité d’OpenAI a maintenir un rythme effréné de déploiement technologique et est en cette fin d’année clairement le leader technologique actuel : Grok est au niveau GPT3.5, LLaMA2 aussi, Claude 2.1 aussi, et Google Bard est en dessous… alors qu’Apple n’a encore rien ! A voir ce que ça donne en 2024 car le modèle à battre est GPT4 et les acteurs du marché vont chercher à challenger ce leadership.

Et l’enseignement dans tout ça ? La compétitivité du pays en jeu à long terme !

Il y a un an, OpenAI a dévoilé ChatGPT, une percée technologique qui a rapidement captivé un million d’utilisateurs en cinq jours, et aujourd’hui 100 millions. Ce n’est pas juste une innovation de plus dans le domaine de l’IA, c’est une révolution qui a infiltré presque toutes les sphères professionnelles, y compris l’enseignement. Mais, le secteur éducatif est-il à la hauteur de ce défi technologique ?

La réponse est accablante. Malgré une adoption massive de l’IA dans les entreprises (61% des collaborateurs l’utilisent ou prévoient de le faire), le monde de l’enseignement reste en retard. Ma propre enquête révèle que 85% des étudiants en post-bac utilisent des outils comme ChatGPT, mais seulement 5% en tirent un réel bénéfice dans une optique professionnelle. Il y a un fossé béant entre l’utilisation et la maîtrise effective de ces technologies. Les décideurs dans l’éducation sont encore dans l’ombre, sous-estimant l’ampleur et les implications de cette révolution, en termes de transformation des métiers, mais aussi de risques de biais et de fuites de données.

Il faut développer l’usage intelligent de l’intelligence artificielle ! Ce n’est pas qu’un slogan, c’est une nécessité criante. La formation aux bonnes pratiques de l’IA est une urgence, non seulement pour les étudiants, mais aussi pour les professionnels de la pédagogie.

Concernant le rôle des enseignants : l’IA ne remplace pas les professeurs, mais elle peut et doit enrichir leur pédagogie. Il est impératif de repenser la pédagogie en intégrant ChatGPT et autres outils d’IA pour renforcer la pensée critique, la créativité, et l’empathie des étudiants. Il est question ici d’une collaboration « symbiotique » entre humain et machine, où l’un complète et amplifie les capacités de l’autre. Toutes les études en IA le montre, c’est le schéma le plus efficace : un usage qui nécessite un dialogue critique avec l’IA.

Un an après le lancement de ChatGPT, il est évident que le monde de l’enseignement n’a pas encore saisi toute la portée de cette technologie. Les besoins en formation sont gigantesques. Si le secteur de l’éducation ne s’adapte pas rapidement, nous risquons de compromettre non seulement l’avenir de l’éducation mais aussi notre compétitivité économique globale. Il est temps de réagir. L’ère de l’IA est là, et nous devons développer notre intelligence humaine à son parallèle, et non en arrière-plan. Les impacts de cette technologie vont probablement se mesurer sur la prochaine décennie… et évoluer encore fortement dans les prochains temps.

Alain Goudey

Imaginer l'Ecole du futur à NEOMA, créer l'identité sonore des marques avec Atoomedia & Mediavea, conseiller sur la transformation numérique avec Sociacom | Expert en éducation, technologies disruptives, IA & design sonore.

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