par L’IA cette semaine a vu une actualité encore très dense avec ChatGPT commerce (en partenariat avec Walmart), Deepmind dans la fusion, la guerre des talents Meta / Apple, etc. Revue de détail des 7 actualités fortes de la semaine.
General Intuition : l’intelligence artificielle apprend à raisonner dans l’espace
Medal, plateforme américaine de partage de clips de jeux vidéo, vient de créer General Intuition, un laboratoire d’IA financé à hauteur de 133,7 millions $ par Khosla Ventures et General Catalyst. Sa mission : enseigner le raisonnement spatial aux IA à partir de milliards de vidéos de joueurs.
C’est une rupture. Jusqu’ici, l’intelligence artificielle apprenait à lire, à parler ou à classer. Désormais, elle apprend à se déplacer, observer, réagir. Cette IA “incarnée” (embodied AI) ne se contente plus d’anticiper des mots, elle anticipe des gestes, des trajectoires, des actions dans un environnement.
À terme : robots, véhicules autonomes, drones, systèmes logistiques et supply chain deviendront capables d’interpréter le monde comme un joueur vidéo comprend sa carte.
Les entreprises de logistique, d’énergie, de défense ou d’industrie manufacturière doivent suivre cette piste. Le jeu vidéo n’est plus un divertissement : c’est un simulateur mondial pour entraîner les IA du futur.
Les données immersives deviennent un actif stratégique — au même titre que les données textuelles hier.
Apple et la guerre des talents IA : le retard se creuse
Ke Yang, responsable du projet d’IA de recherche d’Apple, rejoint Meta. Ce départ s’ajoute à une série de transferts qui fragilisent la position d’Apple face à OpenAI, Google et Nvidia, alors que la marque promet 500 milliards $ d’investissement sur quatre ans.
Meta, Google et OpenAI ont compris que la bataille de l’IA se gagne sur la culture, pas sur le capital.
Là où Apple verrouille, Meta ouvre. Là où Cupertino protège ses secrets, Menlo Park publie ses modèles. Les chercheurs ne veulent plus seulement un salaire : ils veulent une liberté scientifique.
Le message est universel : on ne retient pas les talents de rupture par le contrôle, mais par la mission.
Les entreprises devront repenser leurs modèles d’innovation : donner plus d’autonomie, tolérer l’expérimentation, et valoriser les publications ou partenariats académiques.
Sans cela, la fuite des cerveaux IA deviendra la prochaine fuite de capitaux.
Pinterest freine la vague de “contenus IA” ou slops
Pinterest introduit la possibilité de limiter le contenu généré par IA et rend ses étiquettes plus visibles. Objectif : “ramener de l’humain dans la création”.
Les plateformes sociales font face à une saturation : les images générées deviennent indiscernables, souvent insipides. Pinterest anticipe un backlash utilisateur contre le “tout synthétique”.
L’entreprise choisit de différencier le vrai du faux, la création du clic.
Les marques doivent s’interroger sur leur stratégie de contenu. La génération automatique n’est plus synonyme de performance : la valeur revient à la signature, à l’authenticité, à la narration humaine. En plus de ça, il y a toujours le sujet des droits d’auteur et de l’IA. À court terme, “trop d’IA” peut tuer l’engagement. Le management de la confiance devient prioritaire.
New York bannit les algorithmes de fixation des loyers
New York devient le premier État américain à interdire les logiciels de tarification automatisée des loyers, accusés d’entretenir une forme de collusion entre propriétaires.
Les outils comme RealPage sont désormais considérés comme des pratiques anticoncurrentielles, même sans intention délibérée.
C’est une rupture juridique majeure : l’usage “aveugle” d’algorithmes n’exonère plus la responsabilité. La régulation passe du “ce que fait l’humain” à “ce que décide la machine”.
L’IA réglementée arrive plus vite que prévu. Pricing, allocation, scoring, recrutement : tout algorithme décisionnel doit désormais être auditable.
Les entreprises doivent intégrer une gouvernance des modèles : traçabilité, conformité, éthique des données.
Le “compliance by design” devient une compétence clé du top management.
DeepMind et la fusion nucléaire : l’IA prend le contrôle du plasma
Google DeepMind s’associe à Commonwealth Fusion Systems pour concevoir Torax, un système d’IA de pilotage en temps réel du plasma du réacteur Sparc.
Objectif : stabiliser des températures supérieures à 100 millions de degrés via des millions d’ajustements par seconde.
C’est plus qu’une expérimentation : c’est un transfert de pouvoir. L’IA ne conseille plus, elle agit. Elle devient pilote, opérateur et gardien d’un processus critique.
La frontière entre automatisation et autonomie vient d’être franchie.
Les secteurs industriels (énergie, chimie, santé, transport) devront s’adapter à une supervision algorithmique.
Le capital humain se déplace : les ingénieurs de demain devront comprendre autant la physique du système que la logique du modèle.
Le risque opérationnel ne sera plus seulement mécanique, mais algorithmique.
Walmart intègre ChatGPT commerce à sa plateforme
Le géant du retail déploie un assistant IA basé sur la technologie d’OpenAI, capable de répondre en langage naturel, de recommander des produits et de construire des listes d’achat selon des besoins complexes.
L’IA conversationnelle devient interface commerciale. On ne tape plus une requête : on parle à un assistant.
Ce passage du moteur de recherche à l’agent de confiance change tout : le e-commerce devient “intent-driven”, centré sur le besoin, non sur le produit.
C’est un signal fort pour toutes les entreprises de services : demain, vos clients parleront à un assistant avant de parler à un vendeur.
Les directions marketing et digitales doivent investir dans la personnalisation sémantique, la capacité d’un agent à comprendre le “pourquoi” d’une demande. La fidélisation passe désormais par la pertinence conversationnelle.
Google Veo 3.1 : la stagnation tranquille
Google publie Veo 3.1, une mise à jour de son générateur vidéo IA. Nouvelles fonctions de contrôle, mais toujours des limites techniques : clips de 8 secondes, pas de 1080p, synchronisation audio encore imparfaite. De vrais progrès sur la simulation physique, mais doit pouvoir mieux faire pour rivaliser avec Holywood!
L’innovation visuelle entre dans sa phase de plateau. L’émotion, la cohérence narrative et la “magie” restent hors de portée des modèles. La technologie progresse, mais la création reste humaine.
Les services marketing et communication doivent se garder de la sur-promesse : les IA vidéo sont utiles pour prototyper, non pour produire. Le vrai enjeu est ailleurs : concevoir des récits augmentés, où l’humain garde la direction artistique.
En synthèse : ChatGPT commerce et l’IA se matérialise, se régule, se professionnalise
Au cours de cette semaine on constate que l’intelligence artificielle :
- quitte le texte pour le monde physique (General Intuition, DeepMind) ;
- devient un actif social et juridique (New York, Pinterest) ;
- transforme l’expérience client avec ChatGPT commerce (Walmart) ;
- et redessine la guerre des talents (Apple).
Pour les entreprises, le message est limpide : l’IA n’est plus un sujet de laboratoire, c’est une fonction de direction. La tranformation avec l’IA requiert :
- une gouvernance claire,
- une formation des décideurs,
- une culture de l’expérimentation responsable,
- et un investissement humain aussi fort que technologique.
