Actualités IA semaine 39

IA Weekly S.39 : infrastructures titanesques, abonnements low-cost et assistants proactifs

Les annonces de la semaine sur l’IA : des data centers gigantesques, des appels au contrôle éthique, des abonnements accessibles, des assistants proactifs, et une bataille pour séduire les gouvernements. La course ne faiblit pas et s’attarde pour le moment sur des aspects plutôt systémique que purement fonctionnel.

1. OpenAI construit 5 data centers Stargate avec Oracle et SoftBank

OpenAI annonce la construction de cinq centres de données colossaux aux États-Unis, en partenariat avec Oracle et SoftBank. Objectif : porter la capacité du projet Stargate à 7 gigawatts, soit l’équivalent de 5 millions de foyers américains en consommation électrique. Oracle pilotera trois sites (Texas, Nouveau-Mexique, Midwest), SoftBank deux (Ohio et Texas).

Cette expansion arrive juste après l’annonce d’un investissement de 100 milliards de dollars de Nvidia dans OpenAI, destiné à équiper ces infrastructures en processeurs de dernière génération. Cela va s’accompagner d’une hausse massive de capacités énergétiques, de l’ordre de celle de l’Inde d’aujourd’hui à l’horizon de 2033 pour Open AI !

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Analyse critique : OpenAI se dote d’une puissance de calcul comparable à un État-nation. La centralisation des ressources crée une dépendance stratégique : l’IA n’est plus un outil, c’est une infrastructure critique. À la clé : un risque de concentration excessive du pouvoir technologique.

2. 200 dirigeants mondiaux appellent à fixer des “red lines” pour l’IA

Plus de 200 personnalités – prix Nobel, anciens chefs d’État, chercheurs, figures de l’IA – réclament un accord mondial sur des limites claires et vérifiables que l’IA ne doit pas franchir. Exemples évoqués : interdiction d’usages militaires nucléaires, de la réplication autonome ou de l’usurpation d’identité humaine.

Les signataires rappellent que les politiques internes des entreprises sont insuffisantes : seule une instance indépendante dotée de vrais moyens coercitifs peut garantir une gouvernance mondiale de l’IA.

Analyse critique : la proposition est noble mais terriblement floue. “Red lines” sans lignes rouges définies, c’est du théâtre diplomatique. Sans mécanismes de sanction, le risque est de créer un nouvel accord de papier.

3. Alibaba se lance dans la course mondiale aux infrastructures IA

Lors de sa conférence Apsara, Alibaba Cloud a annoncé l’ouverture prochaine de centres de données au Brésil, en France, aux Pays-Bas, mais aussi au Mexique, Japon, Corée du Sud, Malaisie et Dubaï. Le budget annoncé ? 53 milliards de dollars sur 3 ans – probablement plus, vu la vitesse de la demande.

En parallèle, Alibaba a présenté Qwen3-Max, son modèle à un trillion de paramètres, censé surpasser Claude ou DeepSeek sur certains benchmarks. Les investisseurs ont applaudi, dopant le cours de l’action.

Analyse critique : l’IA devient la nouvelle arme de compétition géopolitique. La Chine, par le biais d’Alibaba, n’entend pas laisser les États-Unis et OpenAI dominer seuls. Derrière la “cloud war”, se profile une bataille d’influence mondiale.

4. Google déploie son abonnement AI Plus low-cost dans 40 pays

Google lance son offre AI Plus à 5 $/mois dans 40 pays, ciblant l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine. Au programme : accès à Gemini 2.5 Pro, outils de génération créative (Flow, Whisk, Veo 3 Fast), NotebookLM enrichi et 200 Go de stockage. En bonus, une remise de 50 % les 6 premiers mois.

Cette annonce intervient après qu’OpenAI ait lancé son offre concurrente ChatGPT Go à moins de 5 $ en Indonésie.

Analyse critique : la guerre du low-cost est lancée. Après la bataille des modèles, voici la bataille des abonnements. L’IA devient un produit de grande consommation, mais la question demeure : à ce prix, qui paie réellement ? (Indices : la publicité et vos données.)

5. ChatGPT Pulse : l’assistant qui agit avant vous

OpenAI dévoile Pulse, une fonctionnalité proactive de ChatGPT. Chaque matin, Pulse propose 5 à 10 cartes personnalisées (projets, rappels, idées, événements), en analysant vos conversations et données connectées.

Réservé aux abonnés Pro, Pulse marque un pas vers l’agent IA pleinement autonome. Sam Altman le qualifie de “fonctionnalité préférée”, soulignant sa vision d’une IA qui n’attend plus vos questions, mais anticipe vos besoins.

Analyse critique : Pulse franchit une frontière : l’IA cesse d’être un outil pour devenir un compagnon. Mais cette proactivité s’accompagne d’une collecte massive de données personnelles. Assistant ou espion domestiqué ? La frontière est mince.

6. xAI de Musk vend Grok au gouvernement américain pour 42 cents

Elon Musk surprend encore : son entreprise xAI propose Grok, son chatbot, au gouvernement américain pour… 42 cents par an et demi. À titre de comparaison : OpenAI et Anthropic facturent 1 dollar par an. Le 42 est un hommage au Guide du Routard Intergalactique (H2G2).

Ce tarif dérisoire s’accompagne de soupçons : l’accord avec la General Services Administration aurait été “poussé” par la Maison-Blanche, malgré des scandales récents (Grok générant du contenu antisémite). Musk, quand il fut à la tête du “Department of Government Efficiency”, a semble-t-il placé ses pions dans les agences clés.

Analyse critique : l’IA devient une arme d’influence politique autant qu’économique. Derrière le clin d’œil au chiffre 42 se cache une stratégie agressive : acheter une position dominante en sacrifiant le profit immédiat.

Conclusion de la semaine : l’IA entre gigantisme et accessibilité

Cette semaine illustre un paradoxe : d’un côté, des investissements titanesques dans des infrastructures à l’échelle planétaire ; de l’autre, une course au low-cost pour démocratiser l’accès aux services IA. Entre ces deux pôles, des appels à la régulation de l’IA peinent à imposer une gouvernance crédible.

L’équation est claire : qui contrôle la puissance de calcul, contrôle l’avenir de l’IA. Et qui contrôle les prix, contrôle l’adoption massive. La bataille est donc à la fois industrielle, politique et sociale.

Alain Goudey

Imaginer l'Ecole du futur à NEOMA, créer l'identité sonore des marques avec Atoomedia & Mediavea, conseiller sur la transformation numérique avec Sociacom | Expert en éducation, technologies disruptives, IA & design sonore.

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